Laurent Mahé,P.-D.G. de la société Mahé-Savidan, installée à Pleubian (Côtes-d’Armor), montre sa ligne d’embouteillage d’un air désolé.
Le dernier négociant en vin du grand ouest est aussi l’un des cinq acteurs majeurs de la distribution de boisson en Bretagne, Normandie et Pays de Loire.
La fermeture des cafés, hôtels, restaurants a mis l’usine à l’arrêt.
Trois millions de bouteilles
Dans une année normale, l’entreprise conditionne trois millions de bouteilles de vin et 600 000 bags in box (cubi.).
Sur les 45 salariés de l’entreprise, 42 sont en chômage partiel depuis le 10 novembre. « Entre les deux confinements, ça fera 5 mois et demi de chômage partiel, vous imaginez la perte de salaire ? »
« Un sentiment d’invisibilité »
Laurent Mahé estime que sa société perdra 40 à 50 % de chiffre d’affaires en 2020.
Seules les trois caves à vin ont pu rester ouvertes mais le marché des particuliers ne représente que 8 % de l’activité totale.
La distribution aux cafés, hôtels, restaurants constitue le business principal de l’entreprise, soit un peu plus d’un millier de clients contraints de fermer leurs portes. « 90 % du chiffre d’affaires » calcule Laurent Mahé.
Aujourd’hui, ce chef d’entreprise se sent « ignoré » par les pouvoirs publics.
« Nous ne faisons pas l’objet d’une fermeture administrative comme nos clients, donc nous n’avons pas d’aides en dehors du chômage partiel ».
Un sentiment aussi, « d’invisibilité » selon ses termes.
Maintien des exonérations de charges
« Nous n’avons aucune réponse à nos demandes ».
Un besoin de reconnaissance qui passerait par les aides d’État.
Il souhaiterait, avec les autres adhérents de la Fédération Nationale des Boissons, une adaptation du fonds de solidarité, un maintien des exonérations de charges pour 2021.
« Et une aide significative sur la perte de notre chiffre d’affaires ».
Les dégâts psychologiques
Mais Laurent Mahé ne veut pas s’arrêter à l’aspect financier.
« Je suis solidaire et en phase avec mes clients qui ont été les premiers à fermer et seront les derniers à rouvrir avec un sentiment de sacrifice et d'incompréhension ; à mon avis cet aspect psychologique est tout aussi important que le dégât pour les finances ».
Il sait aussi que certains d’entre eux ne s’en remettront pas et pour sa part, annonce, sans vouloir détailler, qu’il n’exclut pas « des actions concrètes pour alerter l’opinion et les pouvoirs publics ».
Mahé-Savidan, est une entreprise solidement implantée : « Aujourd’hui, c’est le flou total mais ici, tout sera fait pour maintenir les emplois ».
Trois ans pour rattraper
Selon Laurent Mahé, il faudra deux à trois ans à l’entreprise pour retrouver ses couleurs.
Ce, alors que l’horizon économique n’est pas le même que pour le premier confinement.
« Quand on a été déconfiné au printemps, on entrait dans une période touristique qui nous a permis de relever la tête. Là, on va en sortir dans un creux hivernal, les perspectives ne sont pas les mêmes ».
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