Pays de Montbéliard | Confinement Quand les bars ferment, les grossistes en boissons trinquent

Effet ricochet du confinement. Quand les bars, restaurants et hôtels sont fermés, l’activité des grossistes en boissons fait un plongeon vertigineux. De l’ordre de 97 %. Alors qu’ils viennent de rentrer leurs marchandises pour les fêtes de fin d’année, les grossistes sont inquiets. Décryptage.
Françoise JEANPARIS - 08 nov. 2020 à 12:30 - Temps de lecture :
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Dans l’entrepôt d’Exincourt vide de personnel, plein de fûts de bière, les chefs d’entreprise Pascal Arnoux, Laurent Ferrer et Louis Ferrare (de dr à g).  Photo ER /Lionel VADAM
Dans l’entrepôt d’Exincourt vide de personnel, plein de fûts de bière, les chefs d’entreprise Pascal Arnoux, Laurent Ferrer et Louis Ferrare (de dr à g).  Photo ER /Lionel VADAM

C’est toute une chaîne professionnelle qui est économiquement malmenée par la crise sanitaire. Avec les cafetiers et restaurateurs fermés onze semaines au printemps, quatre ou cinq semaines, peut-être plus, à présent. Répercussions sur les grossistes en boissons dont l’ambiance dans les entrepôts de stockage est fantomatique, comme à Franche-Comté boissons services à Exincourt.

L’entreprise, dirigée par Laurent Ferrer, « troisième génération depuis 1925 », livre 650 clients réguliers en temps normal. « Quand nos clients ferment, notre activité s’arrête. 98 % de nos 30 salariés sont au chômage partiel ». Avec des entreprises qui, pour le coup, se retrouvent en surstock avec, entres autres, des produits périssables à l’image des boissons non alcoolisées, comme le fait valoir Louis Ferrare, le patron de la société BBS (Bilger boissons services), basée à Illzach, livrant 300 clients de Montbéliard à Colmar. « Les vins pour les fêtes de fin d’année ont été rentrés. Le pays sera-t-il sorti du confinement, le virus freiné ? On ose l’espérer », abonde Pascal Arnoux, qui gère trois caves à Pont-de-Roide, Saint-Hippolyte et Maîche, ouvertes en drive.

Solidarité avec les cafetiers et restaurateurs

Les grossistes ne pleurent pas sur leur sort : « Nous ne sommes pas en péril car nous avons été soutenus par les banques de façon rapide et efficace, comme nous avons fait face grâce au chômage partiel. Maintenant, il ne faut pas que la situation s’éternise ! » Ils ne « baissent pas les bras », subissent et supportent « vaille que vaille », se disent « combattants et combatifs » et pensent surtout à leurs clients cafetiers et restaurateurs, « financièrement et psychologiquement à la peine. S’ils se cassent la figure, nous suivrons le mouvement ».

Pour les fournir régulièrement, les grossistes savent qu’un certain nombre de cafetiers, restaurateurs et hôteliers ont passé « avec difficulté le cap du premier confinement. Ils se retrouvent une nouvelle fois dans l’œil du cyclone. Les plus fragiles sont au bord du gouffre. Il y aura des redressements judiciaires, des fermetures et ça sera une catastrophe s’ils n’obtiennent pas un vrai soutien des collectivités ». Tous le disent : « les bars et restaurants sont des lieux de vie essentiels, doivent être aidés. S’ils passent le cap de ce nouveau confinement, nous le passerons aussi ». Équation logique.

Les associations, concerts, foires ne trinquent plus

Les confinements successifs, les regroupements limités ont mis un sérieux coup de frein à l’activité du monde associatif. Et par extension aux événements organisés par les clubs pour engranger quelques sous comme les soirées dansantes, lotos, fêtes villageoises etc. « Une année blanche. Tout est à l’arrêt. Autant de manque à gagner pour les grossistes qui fournissent en boissons les événements associatifs ou festifs comme la fête de la saucisse, le carnaval de Maîche, les fêtes de la musique, etc. », observe Pascal Arnoux qui travaille beaucoup avec les associations.

« Même constat pour les festivals », abonde Laurent Ferrer. « Les Eurockéennes, Rencontres et Racines, le Fimu, le festival de la Paille ou bien encore le No Logo représentent un gros chiffre d’affaires. Rien de rien cette année ». Les grands banquets de fin d’année risquent, eux aussi, d’être sacrifiés sur l’autel de la crise sanitaire.