Ayant obtenu sa première labellisation Grossiste en boissons Engagé en février 2025, la Brasserie Lambelin partage son retour d’expérience : motivations, mise en œuvre, bénéfices, difficultés rencontrées et perspectives. 

Découvrez le témoignage concret de Julie Lambelin, cheffe de projet RSE, sur la façon d’ancrer la RSE au cœur des métiers, au service des équipes, des clients et des territoires.

 

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Quelles ont été vos motivations pour engager votre entreprise dans la démarche de labellisation Grossiste en boissons Engagé proposée par la FNB ?

À la suite de plusieurs actions de sensibilisations menées par la FNB, le projet nous interpelait depuis un long moment. En interne, le sujet était évoqué régulièrement car les réalisations concrètes étaient déjà nombreuses en matière de RSE, sans pour autant le faire savoir et parfois sans en avoir réellement conscience.

 

Comment mobilisez-vous vos équipes autour de cette démarche ?

Mobiliser les équipes est, selon moi, l’un des défis majeurs : faire de la RSE un projet collectif, où chacun se sent concerné. Les sensibilités à l’écologie et, plus globalement à la RSE, varient d’une personne à l’autre et les motivations ne sont pas les mêmes pour tous. Le dérèglement climatique, désormais tangible et visible pour tous, éveille les prises de conscience et facilite l’adhésion : la plupart des collaborateurs se sentent concernés.

Le passage à l’action est toutefois plus exigeant car il faut faire évoluer certaines pratiques, dégager du temps dans le quotidien pour travailler certains sujets et maintenir la dynamique dans la durée.

Notre enjeu est d’animer la démarche dans le temps. Concrètement, nous avançons par petites touches régulières : des informations courtes, des gestes simples et des actions visibles qui gardent le sujet présent en filigrane. Inutile de “monter un grand projet” : la RSE se construit par l’accumulation de micro-actions — un triporteur aux couleurs de Lambelin pour les JO, le tri des déchets, la sobriété d’impression papier— et par le partage de contenus sur la RSE, l’écologie et la qualité de vie au travail. Ce sont ces avancées concrètes, répétées, qui ancrent durablement la démarche.

 

Comment avez-vous réalisé le diagnostic initial et la priorisation des actions à mettre en œuvre ?

Le diagnostic initial a demandé du temps : j’ai rencontré individuellement chaque personne concernée pour comprendre comment nous nous positionnions sur chaque thème et identifier les difficultés terrain. Je ne présentais pas les exigences du label : je posais des questions alignées avec celles-ci.

Cette étape est, à mes yeux, essentielle pour mobiliser et faciliter l’adhésion car elle permet de sensibiliser chacun à la RSE en révélant tout ce que nous faisons déjà, et tenir compte des contraintes opérationnelles pour ensuite les prioriser et les intégrer au plan d’actions.

Ce n’est qu’ensuite, à mesure que nous avancions sur des sujets terrains concrets, que j’ai intégré les progrès au regard des engagements du label.

Je suis rarement allé voir quelqu’un avec les exigences du label pour imposer un point précis ; j’ai préféré ancrer la démarche dans le réel, puis traduire ces avancées en engagements structurés.

 

Parmi les cinq engagements du label, lequel a été le plus structurant pour votre entreprise et pourquoi ?

Deux volets se sont révélés particulièrement structurants.

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Engagement n°4 – Être un employeur responsable

C’est un axe que nous travaillions déjà de manière concrète, notamment sur le volet sécurité, enjeu majeur de l’entreprise. Le label nous a permis d’accélérer sur cette thématique, d’optimiser nos processus et d’ancrer le principe d’amélioration continue.

Un exemple avec le DUERP : désormais, un point systématique est réalisé avec le responsable sécurité avant chaque CSE et les sujets identifiés sont traités en séance. Ou encore sur la prévention du risque alcool : nous avons renforcé la démarche avec des éthylotests électroniques pour l’ensemble des commerciaux, des contrôles inopinés hebdomadaires et une campagne de sensibilisation dédiée.

Nous avons également organisé une Semaine du handicap proposant des ateliers immersifs — par exemple réaliser un gâteau les yeux bandés — afin de développer l’empathie et la compréhension des situations de handicap ; et déployé un SIRH qui fiabilise le suivi des entretiens, des demandes de formation et, plus largement, de la gestion des ressources humaines.

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Engagement n°3 - Réduire l'empreinte carbone de ses activités

Cet engagement est exigeant et nous pousse à repenser nos pratiques. Certains projets avancent — par exemple, la mise en service de trois camions électriques—tandis que d’autres restent à explorer, comme la cyclo-logistique. Nous avons également effectué une revue de nos consommations de papier qui a conduit à faire évoluer certaines habitudes et à sensibiliser les équipes. Nous animons aussi des ateliers ludiques sur le tri des déchets pour ancrer les bons réflexes dans la durée.

Le label a joué ici un rôle d’accélérateur : il a consolidé des acquis (sécurité, prévention) et ouvert des pistes de transformation sur nos impacts carbone.

 

Pouvez-vous nous donner d’autres exemples d’action mise en œuvre dans le cadre du label ?

Sur l’engagement « Agir en partenaire de confiance », nous avons renforcé le dialogue avec nos parties prenantes, élus et administrations, notamment via le programme Interlud, et mis en place une charte éthique. Nous organisons aussi des journées « Vis ma vie » avec d’autres responsables RSE afin de confronter les pratiques et d’enrichir nos méthodes.

Concernant l’engagement « Préserver les ressources et favoriser l’économie circulaire », nous avons structuré une offre locale en définissant collectivement ce qu’est un produit “local”, puis en l’intégrant dans notre ERP. Les équipes commerciales disposent ainsi d’un référencement actualisé en temps réel, et nos clients retrouvent un onglet dédié dans l’outil de commande. À titre d’illustration, nous valorisons des vins locaux des Hauts-de-France. Nous continuons à développer par ailleurs notre offre d’emballages consignés, avec le lancement d’une gamme de vins consignés ; ou encore à mettre en place des animations engagées comme la promotion de notre service de reprise du verre à usage unique en offrant trois mois d’usage à nos clients et en reversant 0,50 € par caisse reprise à une association locale à qui nous avons fait un don de 2 500 €.

Enfin, au titre de « l’Ancrage territorial », nous entretenons des liens de proximité avec notre environnement immédiat, comme ces rencontres de voisinage en début d’année autour d’un verre pour échanger de manière conviviale. Nous soutenons le tissu associatif local en accompagnant chaque année trois associations portées par des collaborateurs, manière concrète de relier l’engagement de l’entreprise aux initiatives du territoire.

Avez-vous mis en place une communication pour valoriser votre engagement ?

Oui — et c’est indispensable. Dès le lancement de notre démarche RSE, nous avons intégré une responsable communication qui relaie systématiquement nos informations sous un angle RSE, afin d’assurer la cohérence de nos messages et leur visibilité.

Sur le plan interne, nous avons déployé Steeple, un réseau social d’entreprise qui facilite la diffusion d’informations en temps réel, y compris auprès des chauffeurs et des commerciaux souvent en déplacement. Ce canal accueille notamment une newsletter trimestrielle qui met en lumière nos réalisations, RSE comprises, et alimente un fil d’actualités régulier pour maintenir l’engagement.

Côté externe, nous travaillons progressivement notre communication pour la rendre accessible et attractive pour nos clients. Notre site internet comporte désormais une page dédiée à la RSE ; nos newsletters commerciales valorisent des thèmes concrets — consigne, produits locaux, etc. — et notre portail de commande inclut un onglet « Local » qui facilite l’identification de l’offre concernée. Pour donner de la résonance à ces initiatives, nous avons également organisé un événement réunissant fournisseurs locaux, collaborateurs, presse et responsables publics, afin de présenter notre démarche et créer un dialogue direct avec l’écosystème.

 

Quels bénéfices tirez-vous de cette démarche, en interne comme en externe ?

Elle insuffle une dynamique à l’entreprise : elle mobilise, sensibilise, donne du sens au métier. Elle aide à renforcer le travail collaboratif entre les services : on comprend mieux les métiers et contraintes de chacun, avec moins de tensions et plus de transversalité.

La feuille de route fournie est précise et adaptée à notre métier. Cela nous permet de nous challenger et d’avancer pas à pas.

 

Quels ont été les principaux freins ou difficultés rencontrés, et comment les avez-vous surmontés ?

Je ne parlerais pas de freins, mais de challenges — c’est plus mobilisateur.

Le premier tient à l’accompagnement du changement pour obtenir des évolutions concrètes. La bonne volonté est réelle, mais dès qu’il s’agit de bousculer des habitudes ou de consacrer du temps opérationnel à la RSE, l’exercice devient plus délicat. Mon rôle consiste alors à aider les équipes à se questionner : ce que nous faisons, comment nous le faisons et ce qu’il est pertinent de faire évoluer. En pratique, nous avançons pas à pas, en partant des réalités de terrain, en priorisant et en démontrant rapidement des bénéfices tangibles pour ancrer de nouvelles pratiques.

Le deuxième challenge est d’entretenir un lien constant avec nos clients pour identifier leurs besoins concrets et rendre la RSE attractive pour eux. Le prix et la qualité demeurent très souvent leurs priorités ; la RSE éclaire l’image et l’approche de l’entreprise, sans en constituer le cœur immédiat. Nous cherchons donc à proposer des démarches réalistes et utiles à leur quotidien, inspirées de la RSE mais pensées « usage » : c’est en prouvant la valeur pratique des solutions que l’on parvient à les embarquer plus loin.

Enfin, certaines exigences du label peuvent paraître théoriques, trop normées ou demander un volume rédactionnel disproportionné — par exemple l’obligation de formation RSE telle qu’énoncée. Nous traitons ces points par le dialogue et l’adaptation : clarification des attendus, recherche d’équivalences ou de formats plus opérationnels, et documentation proportionnée à nos capacités. Cette approche pragmatique nous permet de rester fidèles à l’esprit du label tout en conservant une dynamique de progrès soutenable pour l’entreprise.

 

Quels conseils donneriez-vous à un dirigeant qui hésite encore à se lancer dans cette démarche ?

Il faut d’abord avoir envie d’adapter son fonctionnement. Sans cela, ça ne marchera pas. Et l’impulsion de la direction est déterminante. Ensuite, disposer d’une personne dédiée, même à temps partiel est un gage de réussite pour s’assurer que le projet va avancer, sans passer après « tout le reste ».

Enfin, donner à la RSE un poids équivalent aux autres objectifs de l’entreprise. Cela peut passer par des objectifs RSE comme on fixe des objectifs commerciaux. Ça implique les équipes en montrant l’importance du sujet.

 

Quels outils proposés par la FNB vous ont été les plus utiles jusqu’ici ?

L’auto-diagnostic a été un outil très pertinent qui nous a permis de mesurer ce que nous faisions déjà. Le document de référence du label avec le descriptif de chaque exigence a été ma feuille de route. Il est très structurant et indispensable pour piloter à la fois la stratégie et le quotidien. Les webinaires organisés par la FNB ont aussi été très instructifs.

 

Y a-t-il un sujet en particulier sur lequel vous souhaitez aller plus loin dans les mois à venir ?

Nous allons poursuivre la dynamique en initiant à la labellisation un autre site : le projet est en cours chez Brasserie Vigneron.

Parallèlement, nous menons un travail de fond sur l’« ADN » de l’entreprise : clarifier qui nous sommes, le message que nous voulons porter, notre identité et ce qui nous distingue de nos concurrents. Ce chantier est conduit de manière collaborative, en associant largement les collaborateurs pour mettre en cohérence nos pratiques, notre raison d’être et la valeur que nous créons au quotidien. L’objectif est d’ancrer la RSE dans une vision partagée, porteuse de sens et durablement mobilisatrice.

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À propos de la Brasserie Lambelin

Distributeur de boissons auprès des cafés, hôtels et restaurants depuis plus de 150 ans, la Brasserie LAMBELIN est une société familiale, implantée dans les Hauts-de France, qui intervient principalement sur les secteurs de Lille et sa métropole, la Pévèle, et le Valenciennois.

Forte de 70 collaborateurs investis, l’entreprise a à cœur de servir ses clients et d’améliorer continuellement son organisation et son service client.

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