Dans cet entretien, Hedi Hichri, Directeur des affaires publiques, de la communication et de la RSE chez Coca-Cola Europacific Partners (CCEP), partage sa lecture des enjeux de transition de la filière boissons : montée en puissance du réemploi, circularité des emballages et organisation de boucles logistiques de proximité.

Un éclairage sur les leviers concrets, la place des grossistes en boissons et les partenariats clés au service des territoires et l’ambition de neutralité carbone de CCEP à l’horizon 2040.

1. Vous êtes un partenaire, membre associé de la FNB, fournisseur boissons majeur du secteur de la Restauration hors Foyer. Quels sont vos engagements et objectifs en matière de RSE ?

Nous avons une ambition forte : atteindre la neutralité carbone d'ici 2040.

Pour y parvenir, nous avons fixé une première étape de réduction de 30% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport à 2019. Et, grâce à l’ensemble de nos actions, nous sommes sur la bonne trajectoire : en 2024, la réduction de nos émissions est de 20,9% par rapport à 2019.

Nous croyons fermement que l'innovation et la coopération avec l'ensemble de notre écosystème sont essentielles pour atteindre ces objectifs. L'un de nos projets emblématiques est la mise en place de la plus grande ligne de production de verre réemployable à Grigny (91), faisant de Coca-Cola le premier acteur du CHR à proposer une gamme entièrement réutilisable. Ce modèle nous permet de réduire de 77 % les émissions de CO2 liées à ces emballages.

En parallèle, nous avons déjà atteint 100 % de PET recyclé (RPET) sur nos petits formats, et nous nous engageons à étendre cette mesure à l'ensemble de nos formats d'ici 2030.

2. Comment votre entreprise intègre-t-elle les principes de durabilité dans sa chaîne de valeur ?

Notre stratégie repose sur des investissements massifs pour transformer nos modes de production. Nous avons investi 143 millions d'euros afin de développer notre centre d'excellence de Grigny, une infrastructure clé pour conjuguer croissance et transition environnementale. Nous pensons que nous pouvons continuer à développer le réemploi en France.

En parallèle, nous travaillons sur les enjeux de la gestion de l’eau, ressource précieuse pour la fabrication de nos boissons. Grâce à nos efforts, et là aussi à des investissements importants en R&D, nous utilisons en moyenne 1,3 litre d’eau pour produire 1 litre de boisson. Et nous maintenons nos efforts pour être toujours plus économes.

3. La profession des grossistes en boissons joue-t-elle un rôle particulier dans votre démarche RSE ? En quoi ou comment les grossistes en boissons qui accompagnent vos mises en marché, contribuent à la réduction d’impacts ?

Fabricants, grossistes ou professionnels de la restauration, nos métiers changent et nous ne pouvons plus nous exonérer de réfléchir à la manière dont nous les exerçons. Il me semble que nous allons tous dans le même sens, avec un objectif commun : prendre en compte l’ensemble des moyens disponibles pour réduire, réutiliser et réemployer nos emballages. Ces fameux 3R nous poussent à innover sans cesse, et ces réflexions, mises en commun, se révèleront vertueuses, pour la planète et pour l’ensemble de la filière. Nous devons ancrer et développer l’habitude de récupération du verre à usage unique pour notre profession et pour tous nos partenaires en CHR. Pour faire face à ces nouvelles pratiques, l’expertise et l’expérience des grossistes en boissons est précieuse. Depuis tous temps, ils livrent les CHR, optimisent leurs tournées et récupèrent les bouteilles en verre consignés. Ce sont donc des acteurs essentiels pour nous et l’ensemble de la filière. 

4. Quelle est votre perception du Label "Grossiste en boissons Engagé" porté par la FNB et quel regard portez-vous sur les grossistes en boissons labellisés ?

Chez Coca-Cola Euro Pacific Partners, nous saluons l’ambition et l’exigence qui soutient la création et le développement de ce label « Grossiste en boissons Engagé » depuis 2015. Il traduit la volonté de professionnels, d’entreprises de toutes tailles solidement ancrées sur leurs territoires, d’agir concrètement.

Au-delà de l'aspect environnemental, ce label intègre des dimensions essentielles comme la gouvernance, l’éthique, la santé et sécurité, la diversité et l'égalité des chances, des valeurs qui résonnent avec nos propres engagements. Nous sommes convaincus que ces initiatives renforcent la crédibilité et la reconnaissance des grossistes en tant qu'acteurs responsables de la transition.

5. Pouvez-vous partager des exemples concrets de projets ou d'initiatives que votre entreprise a menés en collaboration avec des grossistes en boissons pour promouvoir la durabilité et la responsabilité sociétale ?

Travailler avec les grossistes en boissons est une évidence. Les initiatives sont nombreuses et nous sommes certains qu’elles seront amenées à se développer dans les mois à venir. C’est en agissant collectivement avec la chaine de valeur que nous trouverons des solutions efficaces. De même, c’est en dialoguant entre partenaires et fournisseurs que nous développerons nos engagements en faveur de l’environnement. 

6. En matière de décarbonation de la logistique associée à vos mises en marché, le grossiste est-il un partenaire privilégié pour vous permettre d’atteindre vos objectifs climatiques ?

Effectivement, les grossistes sont des partenaires clés dans la décarbonation de la logistique de notre filière et nous devons réfléchir à des solutions communes pour récupérer toutes les bouteilles en verre afin de les réutiliser. Si nous regardons chez nos voisins européens comme l’Irlande, l’Allemagne ou l’Angleterre, c’est toute une filière qui s’est structurée autour de la consigne et du réemploi. 
En France, nous devons suivre cette dynamique en collaborant avec les grossistes qui sont déjà des acteurs clés du réemploi pour généraliser ces pratiques. Surtout que nous avons déjà connu cela dans le passé.

De notre côté, nous nous appuyons sur un réseau de production de proximité avec cinq sites en France (Clamart, Grigny, Toulouse, Marseille, Dunkerque), permettant de livrer nos clients à moins de 270 km. Cet ancrage local est une force que nous devons continuer à développer avec nos partenaires grossistes.

7. Envisagez-vous de solliciter les grossistes en boissons pour jouer un rôle plus important dans la transformation durable du secteur ? Si oui lesquelles ?

Il nous semble que nous pourrions unir nos actions afin de mener des campagnes de sensibilisation auprès des consommateurs. À l’heure où 92 % des Français sont favorables à la consigne ou au réemploi, nous pourrions prendre conjointement la parole et accompagner ces nouvelles habitudes de consommation. Les grossistes en boissons ont un rôle clé à jouer en termes de pédagogie et de sensibilisation, en raison de leurs relations étroites avec les CHR depuis de très nombreuses années.